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L’adolescent à problèmes. Quels problèmes ? Quelles solutions ?

14/10/2021

Dr Joëlle Abate, Dr Gaëlle Orban, Barbara Quarta, Dr Michaël Simon
 
Dans le cadre de cet atelier sur le thème de l’adolescence en difficulté, nous avons choisi de vous parler de 3 sujets qui ont particulièrement été mis en avant durant la crise sanitaire.
Depuis maintenant environ un an, lors du déconfinement de juin 2020 et encore davantage lors du reconfinement de novembre, nous avons vu les demandes de prise en charge exploser pour les adolescents.
Les sujets abordés ont pour caractéristiques communes d’être régulièrement un motif de consultation à votre cabinet ou de renvoi vers un pédopsychiatre, de nécessiter une collaboration entre nos deux spécialités, de pouvoir revêtir un caractère d’urgence et d’avoir vu leur incidence augmenter durant cette année.
Par ailleurs, ces 3 problématiques peuvent être des comorbidités l’une de l’autre.

 

« Ensemble, Accrochons-nous »


En Belgique, le terme¹ « décrochage scolaire » fait référence aux jeunes en âge d’obligation scolaire qui présentent plus de 9 demi-journées d’absences injustifiées. Ce terme peut également être utilisé pour décrire le jeune, toujours présent et inscrit dans un établissement scolaire, qui ne s’investit plus dans le travail scolaire et/ou qui s’absente régulièrement de l’école². Cette forme plus insidieuse de décrochage scolaire constitue souvent le reflet d’une souffrance chez le jeune qu’il est nécessaire d’identifier le plus précocement possible.
De nombreux travaux montrent que l’origine de la souffrance chez le jeune en décrochage scolaire est le plus souvent de nature multifactorielle. Ainsi, des déterminants structurels ou organisationnels (organisation des classes, pratique éducative au sein de l’école, relation avec les enseignants, etc.) mais également sociaux (précarité, harcèlement, etc.), familiaux (séparation parentale, etc.), personnels (dépendances, problème de type « dys », problème de santé mentale, etc.) sont régulièrement évoqués pour rendre compte de ce processus progressif de désengagement pour l’école (Janosz et Le Blanc, 2005).
Dès lors, la complexité de cette problématique implique de facto des actions de prévention et d’intervention globales et intégrées qui mobilisent tous les acteurs de terrain (médecin, Centre Psycho-Médico-Social (CPMS), éducateurs dans les écoles, Action en Milieu Ouvert (AMO), etc.) autour du jeune et de sa famille dans le processus d’accrochage scolaire.
Le médecin généraliste en cabinet de consultation ou en visite à domicile peut se retrouver assez souvent impuissant face à l’ampleur et la complexité de cette problématique impliquant le jeune et sa famille. Il se voit même assez souvent, après avoir rédigé un énième certificat médical, contraint d’orienter le jeune vers un avis spécialisé (pédiatre, psychologue, pédopsychiatre, bilan hospitalier, etc.).
La prise en charge du jeune et de sa famille ne peut se faire sans une collaboration étroite entre chaque partenaire du réseau de soins. Par conséquent, cette collaboration implique de connaître les missions de chacun des partenaires du réseau en vue de l’orientation la plus adéquate.
 
  1. Ce terme désigne également le jeune qui n’est pas inscrit dans un établissement scolaire, ne suit pas de cours par correspondance, ou qui a quitté l’école sans poursuivre ses études ou formations.
  2. Dans certains cas, sous couvert d’une attestation ou certificat médical.


L’adolescent suicidant


Les tentatives de suicide et les idéations suicidaires sont un motif fréquent de consultation aux urgences et d’hospitalisation en pédopsychiatrie. Elles concernent essentiellement des jeunes âgés de plus de 12 ans.
La crise suicidaire est une crise avec expression d’idées et d’intentions suicidaires. Dépassé par son mal-être, l’individu voit le suicide comme une alternative de plus en plus pertinente et peut aller jusqu’au passage à l’acte.
Une crise correspond à la rupture d’équilibre d’un système, auparavant stable, suite à des facteurs de changement. De par l’instabilité associée, la crise peut à la fois être source de danger et d’angoisse.
Un adolescent en crise peut présenter une symptomatologie variée (affects anxio-dépressifs, mises en danger, moindres performances scolaires, etc.).
Il convient d’évaluer le risque suicidaire, l’urgence, le danger.


Manger un peu, beaucoup, à la folie … pas du tout


Les troubles du comportement alimentaire, peu importe la forme qu’ils prennent, touchent principalement les filles. Ils prennent le plus souvent naissance dans le décours de l’adolescence. Il existe toutefois des formes précoces ou dites prépubères et des formes tardives survenant au début de l’âge adulte. Ces deux dernières formes ont pour réputation d’avoir une évolution plus péjorative.
Au-delà des troubles du comportement alimentaire typiques, bien connus et décrits (anorexie mentale, boulimie et binge eating disorder), un grand nombre de patients présentent une forme incomplète de ces troubles. Leur fréquence est souvent sous-évaluée.
Qu’ils soient typiques ou atypiques, les troubles du comportement alimentaire ont de commun et de caractéristique qu’ils constituent une pathologie qui intrique somatique et psychique de façon très étroite. Ils ont une répercussion sur la souffrance de l’individu, sa vie sociale et familiale, scolaire ou professionnelle. Les répercussions somatiques peuvent être irréversibles et potentiellement létales.
Ces troubles nécessitent une prise en charge précoce, spécifique, pluridisciplinaire et coordonnée.
Comment repérer ? Quand référer ? À qui ? Dans quel ordre ? sont les questions auxquelles nous allons tenter de vous donner réponse aujourd’hui.
 
Sous l’impulsion d’une synergie fédératrice entre les trois plateformes Enseignement/Aide à la jeunesse des zones de Huy Waremme, Verviers, et Liège, le REALiSM (Réseau Enfant Adolescents Liège Santé Mentale) et les CLPS (Centres Locaux de Promotion de la santé) qu’est né le projet Ensemble, accrochons nous. L’objectif de ce projet est de contribuer à une meilleure connaissance du réseau intersectoriel et permettre ainsi une orientation rapide du jeune et de sa famille vers les services compétents dès les premiers signes de mal-être et de décrochage.
Plus d’infos : http ://www.accrochaje.cfwb.be/