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L’hématurie : point de vue du néphrologue et de l’urologue

13/12/2022

  • Dr Olivier Lavergne, Urologue
  • Dr Martial Moonen, Néphrologue - Chef de service, Médecine interne et maladies infecteuses 
  • Dr Hubert Nicolas, Chef de Service, Urologie - Président du Département de Chirurgie 
 

L’hématurie est un symptôme d’appel fréquent qui incite à référer le patient soit en urologie, soit en néphrologie. En fonction de la cause de l’hématurie, la prise en charge sera en effet différente. Si certaines étiologies peuvent sembler d’emblée évidentes, dans certains cas une démarche systématique de recherche étiologique est nécessaire. 
 

Les causes de l’hématurie peuvent avoir pour origine l’ensemble de l’arbre urinaire. Nous distinguerons principalement les hématuries provenant de l’appareil urinaire haut : les reins, les cavités excrétrices et les uretères ; et les hématuries provenant de l’appareil urinaire bas : la vessie, la prostate, l’urètre.

Quel que soit le site d’origine de l’hématurie, il faudra faire la distinction entre une atteinte infectieuse (bactérie, mycobactérie, parasite, virus, champignon), une atteinte inflammatoire (glomérulonéphrite, pathologie systémique…), une atteinte tumorale ou néoplasique, une atteinte mécanique (lithiase…), une atteinte traumatique accidentelle ou iatrogène (procédures urologiques) …

L’âge du patient, le caractère micro ou macroscopique de l’hématurie, le caractère permanent ou non, la fréquence, la durée, mais aussi les symptômes associés peuvent orienter le diagnostic.

Il faut également toujours faire le diagnostic différentiel avec les fausses hématuries : menstruations, endométriose, médicamenteuses, pigmenturie…

Le premier outil de diagnostic est la tigette urinaire. En cas de positivité pour le sang, il y a toujours lieu de faire une analyse quantitative de l’hématurie. Si le contrôle de laboratoire au microscope est négatif, on s’orientera vers une fausse hématurie. Si le contrôle est positif, la présence ou l’absence de signes associés seront d’une aide précieuse : douleurs abdominales unilatérales, présence de signes d’infection urinaire, autre marqueur pathologique sur la tigette (leucocytes, nitrites, cylindres…). En cas d’infection urinaire, l’idéal est toujours de réaliser une culture urinaire pour confirmer l’infection avant de la traiter avec un traitement adapté. Il est toujours utile de recontrôler l’urine au microscope environ six semaines après l’épisode aigu pour confirmer la disparition de l’hématurie.

Devant une hématurie macroscopique, l’aspect mérite d’être relevé : urines rosées, urines rouges, urines brunes, présence de caillots ? La présence de caillots dans l’urine signe pratiquement systématiquement une origine urologique. Dans ce cas, il est essentiel de prévoir rapidement un scanner abdomino-pelvien et un avis urologique. S’il n’y a pas de caillot, il faut rechercher des signes évoquant une origine glomérulaire : albuminurie présente, élévation de la créatinine sérique, présence de cylindres hématiques, présence de globules rouges dysmorphiques, hypertension artérielle, signe de surcharge hydrosodée. Dans ce cas, la référence en néphrologie est souhaitée rapidement.

Face à une hématurie microscopique, il est intéressant de s’assurer que l’analyse a été réalisée sur un prélèvement récolté de manière optimale : en dehors de la période menstruelle, à distance d’un exercice physique intense ou d’un traumatisme aigu. Si l’hématurie est confirmée, la recherche de signes évoquant une atteinte glomérulaire est nécessaire. Si ceux-ci ne sont pas présents, on recherchera les facteurs de risque carcinologiques et l’exploration sera complétée par une imagerie de l’arbre urinaire, y compris une cystoscopie si la cause n’est pas trouvée.

En conclusion, toute hématurie qu’elle soit microscopique ou macroscopique nécessite une exploration et éventuellement une prise en charge. En dehors de cause évidente comme la lithiase rénale ou l’infection urinaire, toute hématurie doit être suivie et contrôlée. Devant la persistance de celle-ci, même face à un patient asymptomatique, le patient doit être référé soit vers l’urologue, soit vers le néphrologue en fonction des signes associés.