En 1961, Roy-Camille a publié pour la première fois la technique du vissage pédiculaire. Le pédicule est une structure osseuse reliant le corps vertébral antérieur à l’arc postérieur, offrant un os spongieux qui se prête bien à la mise en place de vis.
Avec le temps, cette technique s’est affirmée comme le « gold standard » des techniques rachidiennes pour le traitement de ses différentes pathologies. Si ce vissage offre toutes les garanties de fixation mécanique osseuse optimale, il présente cependant un risque de complication par lésions nerveuses et/ou vasculaires sur malposition des vis (même dans des mains aguerries, on en rapporte jusqu’à 15 %, avec heureusement une faible proportion de conséquences lourdes).
NOUVELLES TECHNIQUES
Aussi, au fil des années, la sécurisation de la mise en place du matériel rachidien est devenu le point principal des procédures chirurgicales rachidiennes, aidée par l’arrivée des techniques radiologiques de plus en plus précises mais également de l’informatique.
S’appuyant sur le principe de la navigation cérébrale, les systèmes de navigation rachidienne sont apparus fin des années 90 avec pour but d’augmenter la précision de l’acte tout en réduisant sa morbidité et son caractère invasif. Le principe de base consiste à localiser en trois dimensions (3D) la position d’instruments chirurgicaux dans le champ opératoire et à faire apparaître ces mêmes instruments sur des images pré- ou per-opératoires.
SCANNER PER-OPÉRATOIRE
Dans cette optique, notre service a fait l’acquisition en 2015 d’un scanner per-opératoire (AIRO) qui se positionne parmi les technologies actuelles les plus sûres et les plus performantes.
L’AIRO nous offre la possibilité de repérer, simuler et réaliser le geste chirurgical avec une précision millimétrique mais aussi de procéder à un contrôle radiologique en fin de procédure. Ainsi, en salle d’opération, après mise en place d’un référentiel, un scanner centré sur la zone d’intérêt est réalisé (à l’écart du personnel soignant). Les images ainsi acquises sont transférées vers la station de travail. A l’aide d’instruments calibrés, il est ainsi possible de « naviguer » sur les structures rachidiennes en vue de repérer au mieux les trajectoires pédiculaires. A la fin du geste opératoire, un second scanner de contrôle est réalisé pour confirmer le bon positionnement du matériel.
INDICATIONS
Cette nouvelle méthode ouvre notre champ d’indications chirurgicales à toutes les pathologies rachidiennes : malformatives (scolioses …), dégénératives (spondylodiscarthroses …), traumatiques (fractures) et oncologiques (primitives ou métastatiques) des plus simples au plus compliquées, aux localisations étendues de l’occiput au sacrum ; tout en offrant une marge de sécurité optimale à nos patients. De plus, il limite au strict minimum l’irradiation des différents intervenants, en comparaison avec les anciennes techniques de contrôles radiologiques per-opératoires.
CONCLUSION
En conclusion, comme pour les pathologies cérébrales, les techniques de navigation rachidienne, en particulier l’AIRO, offrent un apport de précision et de confort indéniable. L’avenir nous le rendra probablement indispensable. Son usage ne doit cependant pas faire l’impasse sur les pratiques conventionnelles. La rigueur et l’expérience restent toujours les éléments fondamentaux de nos procédures chirurgicales.